L'actualité

 

L’actualité

 

J’allume la télévision, l’écran déverse quantité de mots, d’opinions, d’idées, de sentiments. C’est un vacarme incessant. Une logorrhée interminable truffée de mensonges, de mépris, de violence à peine contenue.


J’éteins.

 

Je regarde dehors, les fenêtres de l’immeuble d’en face sont ouvertes. Le soleil pénètre à l’intérieur, sans bruit, sans cris. Comme ça, juste pour éclairer. C’est une parole sans mots, imbibée de lumière, juste ce qu’il faut, sans retenue.

 

Je glisse ensuite sur les trottoirs à la vitesse de mes pas sans direction. Les fleurs m’appellent dans le parc juste à côté. Elles chantent muettes la fin de l’été, les enfants, sacs à dos sur l’épaule, sont de retour de l’école, ils se faufilent vite entre les arbres.

 

Je regarde autour de moi, les passants marchent vers ce qui les accaparent. L’air caresse mon visage, discret. Il m’effleure dans le soir qui vient.

 

Assise sur un banc, je ferme les yeux pour rentrer dans ma demeure. Je ne fais plus attention à rien. Qu’importe les regards des gens sur mon visage fermé, ce n’est pas important. Là, dans mon chez moi, je respire et le soleil, et les mots, et les chants et les fleurs. Je me tais. J’écoute.

 

Je n’entends plus rien ou plutôt si : montent jusqu’à moi les marées de l’océan, ses vagues à l’écume blanche s’échouent à un rythme régulier.


J’aperçois sans les voir les oiseaux psalmodiant dans la douceur de ce mois qui s'achève.
Je croise les soupirs des enfants d’hier et de demain. Leurs espoirs vont et viennent dans la ronde de leur vie, si proche, si loin déjà.

Je respire le vent de l’instant qui m’embrasse sans fureur, sans reproche, sans dureté. Il me prend dans ses bras, au présent, sans rien demander. Je le rejoins.

 

Notre rencontre silencieuse ravit les anges invisibles, ceux de la vie d’après, ceux des jardins et des forêts endormies. Et pourquoi pas. Nous ne sommes pas seuls au monde.

Je souffle un peu plus fort, je n’ai toujours pas rouvert mes yeux, je sens par moments que d’autres yeux m’observent. Ce n’est pas grave. Je rentre en ma demeure et j’y trouve l’éblouissement de l’Espérance sans actualités sinistres.

 

Je lève les yeux vers le saule en révérence devant ma journée solitaire. J’inspire, j’expire. Le mouvement de l’air me cueille au milieu du silence, il me dépose ailleurs, dans un au-delà intérieur.

Je ne fais rien. Rien du tout. Juste je suis là, à humer l’odeur des roses, je prends mon temps. Je rentre en ma demeure, c’est tout.

 

Mon regard étonne les étoiles éphémères dans le ciel du dedans. Je leur offre le mugissement de la terre, les douleurs, les guerres et les pleurs des mamans.
Le ciel prend tout. Il absorbe les larmes, les rivières, les fleuves. Toute l’eau du monde rejaillit dans ma fontaine en désirs, celle du milieu, sur la place de la Paix.

 

Quel est ce lieu sans fureur où je me trouve ?


Je rouvre enfin les yeux. Le soir tombe, les arbres s’agitent, les passants continuent de passer.


Je dois rentrer.

 

Jusqu’à la prochaine fois, où, pour garder l’espoir…


Je rentre en Sa demeure.

 

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