
La perle
L’amour est une perle éclaboussée par le Soleil. Lorsque je crois la trouver, vite, je m’empresse de la contempler. Je m’extasie devant sa beauté à nulle autre pareille.
La nuit venue, lasse, désabusée, sa parure de nacre obscurcie par les ténèbres ne brille plus sous mes yeux étonnés. On dirait qu’elle a trop voyagé. En terre inconnue, elle a sans doute roulé sur le sol, égarée par l’intensité de son cœur.
J’ai pris la perle vagabonde. Je l’ai placée sur le dos d’un aigle immense. Nous avons pu voler ensemble. Sous le ciel azuré, illuminées par la clarté du jour, nous avons parcouru tout un univers. Vu d’en haut, l’amour est plus beau, plus réel. Toute l’opacité s’enfuit.
La perle est redescendue. Il faut bien revenir un jour. Le temps nous happe avec minutie, on ne peut pas toujours rêver sa vie.
Puis je l’ai vue remonter, comme ça, d’un coup, dans l’espace muet. Elle s’est élevée très haut, jusqu’à toucher une étoile. Elle pensait, la belle, la très belle, retrouver l’air qui lui manquait.
Éprise jusqu’au vertige, désormais, elle savait voler. Seule. Sans appui. Elle virevoltait en arabesques savantes, hors de tout contrôle, loin des regards curieux.
Cette sensation de liberté que l’amour donne, rien ne l’égale. Pas même les ailes du vent avec lesquelles notre perle s’ébrouait. On aurait dit un oiseau d’une espèce ignorée, très joli, un être étourdi par les farandoles qu’il improvisait.
Entièrement plongée dans l’immensité de son âme affamée, la perle de plus en plus évanescente jouait à cache-cache avec toutes les émotions traversées. Petite bille transpercée par la lumière du Soleil, elle lui ressemblait de plus en plus : ronde, joyeuse, éclairée.
Elle prenait l’habit de la transparence, de la rosée du matin, d’une larme pluvieuse, d’un joyau secret. Son éclat vibrait comme une note suspendue. Sa surface semblait douce sous les doigts, presque tiède.
C’est étrange, je croyais ne plus jamais la revoir. Il n’en est rien. Il m’a suffi de fermer les yeux. Là, juste devant, dans le fond, je l’ai de nouveau trouvée.
Oh la perle moqueuse, l’oiseau facétieux, l’experte en suavité délicieuse. L’intrigante énamourée. La douloureuse.
Je la croyais définitivement partie dans la sphère des autres, des amoureux, dans leurs mains, dans leurs bagues ou leurs regards.
J’avais tort.
Elle brillait à l’intérieur, toujours étincelante, à rire de ma candeur. Même esseulée, même en silence, la perle de l’amour ne s’en va jamais tout à fait.
L’amour a la forme d’une perle, d’un oiseau migrateur ou d’un univers solitaire. Qu’importe. Il est toujours là. Au creux de nous.
Je suis son écrin. Il est ma parure.
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