Deux-Ailes, l’ange de la chapelle

Deux-Ailes ne vient pas d’un tableau ancien. Il n’a ni trompette d’or, ni armure brillante. Ses ailes sont fines, presque translucides, comme tissées dans la lumière des fins de journée.
Il vit là, dans la petite chapelle Notre-Dame des Anges, au milieu des herbes folles et des pierres fendues. On ne le voit pas avec les yeux, mais avec le cœur.

Il est ange de campagne, de ruine et d’espérance. Pas de miracles éclatants, pas de combats contre les monstres du mal. Sa mission est plus humble et plus rare : consoler.
Quand la chapelle tremble dans le vent froid ou pleure la pluie qui s’infiltre, il la rassure.
Quand Christie grimpe sur son échelle pour gratter le lierre, il chante de joie :

« Voilà bien longtemps que, de son côté invisible, la chapelle n’avait plus entendu de cantique. »

Deux-Ailes connaît les saisons, la poussière des bancs, le parfum des cierges éteints. Il se tient souvent à l’entrée, là où la lumière du soir glisse sur les pierres, et il prie à voix basse « dans la lumière illuminée du crépuscule ».

On dit qu’il fut nommé par les pierres elles-mêmes. Et qu’il ne partira que lorsque la chapelle retrouvera son sourire.