
L’art de commenter les textes lus : entre gratitude, timidité et lumière partagée
Un murmure, un pas vers l’autre
Commenter un livre… ou ne pas oser le faire
On lit. On est touché. On se tait.
Pourquoi ?
Pourquoi ce silence, alors même qu’on a été traversé par une émotion, un frisson, un souvenir, un élan ? Pourquoi tant de lecteurs – sensibles, sincères, bouleversés parfois – se taisent-ils au moment de laisser quelques mots à l’auteur ?
Ce n’est pas paresse.
Ce n’est pas indifférence.
Souvent, c’est tout le contraire !
C’est la crainte de mal dire, de mal faire. La peur de l’insuffisance, du ridicule. Le syndrome de l’imposteur, tapi là, dans l’ombre des pages refermées.
Une sorte de timidité du cœur : on se dit que nos mots n’auront pas de poids, pas de grâce. On voudrait écrire un chef-d’œuvre en retour d’une émotion, et faute de cela, on s’abstient.
Il y a aussi cette fatigue que nul ne nomme : la charge mentale, le quotidien qui nous presse. Lire fut déjà un acte de résistance, de beauté. Comment alors trouver l’énergie pour écrire encore, après avoir reçu tant ?
Mais voilà : un simple mot, même balbutié, même imparfait, peut réchauffer une journée d’auteur.
Un commentaire n’a pas besoin d’être parfait pour être précieux
Il y a cette idée, un peu étrange, que pour commenter un livre, il faudrait avoir tout compris, avoir les mots justes, faire une critique littéraire. Mais c’est faux. Tellement faux.
Un commentaire n’a pas besoin d’être savant. Il a juste besoin d’être vrai.
Dire simplement :
« Ce passage m’a fait du bien. »
« Je ne sais pas dire pourquoi, mais j’ai été émue. »
« Merci pour ce que j’ai ressenti. »
Cela suffit. Mieux : cela touche.
Un commentaire, ce n’est pas un verdict. C’est une trace d’humanité. C’est tendre la main à celui ou celle qui a écrit, parfois dans la solitude, souvent dans le doute.
C’est dire : je t’ai lu, et tu as existé pour moi.
Et pour l’auteur, c’est immense. C’est une lueur. Une joie pure. Une chaleur, parfois à contre-jour d’un jour morne.
Commenter, c’est tisser un lien. Une fraternité invisible. Une réponse au don fait par le livre.
« Les livres sont faits pour être aimés comme on aime les gens, dans leur incomplétude, leurs fêlures, leur lumière », écrivait Christian Bobin.
Et si nous n’attendions pas d’être parfaits pour aimer, ni pour dire que nous avons aimé ?
Offrir un mot : un acte de tendresse
Écrire un commentaire, c’est comme cueillir une lumière pour l’offrir à celui qui vacille.
C’est un geste de gratitude, de complicité, d’amour aussi, parfois. Et c’est aussi un don que l’on fait à soi-même : celui d’oser apparaître, dire « j’ai été touchée », dire « j’existe, moi aussi, dans ce lien que tu proposes ».
Il n’y a pas d’obligation.
Il n’y a que la joie, si elle vient.
Il n’y a que le murmure, si l’on veut le souffler.
Et s’il ne vient pas, que cela ne soit jamais reproche. Car ne pas commenter peut aussi être un acte de respect, de pudeur, de digestion intérieure.
Mais si un jour vous sentez, même timidement, l’envie de laisser quelques mots… ne la retenez pas. Faites-le.
Même mal dit. Même bref. Même fragile.
Vous ne savez pas la lumière que cela peut déposer dans la journée de celui ou celle qui a écrit !
Un commentaire, c’est une lampe dans la nuit.
Un pain partagé sur la route.
Un « je t’ai entendu » déposé sans bruit.
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