

A l’ombre du Saule
A l’ombre du saule, je l’écoutais pleurer comme on reste près d’un ami. Malgré mon affection, je ne parvenais pas à le consoler. Ses feuilles en larmes touchaient la terre dans un murmure qui me touchait le cœur.
J’aurai voulu lui chuchoter les mots d’amour que d’habitude mon âme garde au secret, mais rien à faire, aujourd’hui, rien ne venait. Aucune parole n’aurait pu le soulager. Ses feuilles en vrac se posaient sur le sol comme un corps fatigué dans la chaleur du soir.
A l’ombre du saule, je l’entendais soupirer entre deux hoquets, malgré ma présence en mouchoir, je sentais bien que rien au monde n’aurait pu l’arrêter. Ses feuilles courbées pliaient sous le fardeau comme le sont toujours tous nos amours perdus.
J’aurais voulu lui chanter les belles mélodies de l’été mais cette fois de ma bouche muette, rien ne sortait, non, je n’aurai pu lui donner la douceur d’un esprit apaisé. Ses feuilles en douleur s’étalaient sur l’herbe sèche comme s’il s’écroulait par trop de peine.
A l’ombre du saule, je n’ai pas vu d’oiseaux s’y poser comme s’il fallait fuir à tout prix cette souffrance imposée. Ses feuilles en pluie déversaient dans l’étang d’à côté toute l’eau retenue comme si enfin la digue avait lâché.
J’aurais aimé lui prodiguer mes caresses comme avec un enfant chagriné, mais je voyais bien à ses yeux qui tremblaient, que rien, pas même ma tendresse, n’aurait pu lui rendre le sourire.
A l’ombre du Saule, je frémissais de son malaise incurable, même si j’avais pu lui offrir tous mes baisers, rien n’aurait pu suffire à éteindre son mal. Ses feuilles accablées s’inclinaient sous l’ardeur de sa détresse.
J’aurais espéré le calmer rien qu’un instant juste avant de m’en aller, mais je remarquais avant même mes adieux, qu’aucune présence, aucun mot, aucun poème, rien n’aurait pu lui rendre la paix. Ses feuilles attristées mouraient déjà dans la lumière du crépuscule.
A l’ombre du Saule, je ne sais plus très bien qui des deux pleurait jusqu’à changer l’humus en boue. Mes feuilles éplorées se mêlaient tant à ses larmes que nous n’étions plus qu’un.
Nul ne l’a remarqué bien sûr, nous sommes intérieurs comme les poètes à la tombée du jour.
Je voudrais être le Saule pour pleurer sans être vu.
Personne n’aurait rien à redire...
Pas même le Saule qui viendrait à son tour
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