
Dans le vent
« Souffle, viens des quatre vents, et insuffle la vie à ces morts ». Ézéchiel 37
En ce moment, le mot : « respiration », me poursuit.
Il faut croire que je manque d’air. Il faut croire que le souffle m’a manqué depuis quelques jours.
J’ai parlé, j’ai marché, j’ai mangé. Mais rien pourtant ne m’a redonné cette sensation de dilatation, celle qu’on ressent quand la paix descend dans le corps, lorsque l’air vient balayer notre intérieur.
J’ai regardé, j’ai imaginé, j’ai pensé. Mais rien ne vaut de respirer.
Que me vienne le vent, que me vienne la brise au-dedans, que les cheveux soient décoiffés, les paysages tout chiffonnés, les arbres courbés, les saules redressés, les fleurs bousculées.
Je veux de la tempête, son sifflement, son air ensauvagé, sa force et sa puissance, que me vienne son pouvoir, oui, qu’il vienne impacter mon cœur et mon âme.
Je désire être comme nettoyée, que ma soif soit étanchée, mon désir d’amour réparé.
Puisque l’amour ne veut pas de moi, que l’oxygène, le CO2, le zéphyr, que l’atmosphère tout entier me visite par le dedans.
A force d’étouffer, d’espérer l’impossible, à temps et à contretemps, toujours tendue vers ce bonheur absent.
Alors, puisque rien ne me parvient, puisque jamais rien n’arrive sur les quais de ma vie, puisque les valises toujours sont vides…
Alors, alors, mon Dieu, que me vienne la terreur du cyclone, le souffle dévastateur de l’air, celui des épicéas de l’automne, celui du désert accablé de chaleur ou celui glacial du pôle nord. Qu’importe d’où qu’il vienne, je le veux, je le prends, je le bois, je l’avale.
J’ai besoin qu’il vienne tout déranger, tout mettre à terre, tout virer, tout foutre en l’air. Qu’il se passe quelque chose, oui, qu’il se passe quelque chose. Rien qu’une fois, retrouver l’air, respirer de nouveau. J’ai trop aimé, je suis comme étranglée.
Non, c’est faux, on n’aime jamais trop. Jamais. Alors pourquoi mon âme suffoque en cet été ?
Je veux fermer les yeux, être emportée dans le vertige des tourbillons, ceux des bourrasques et des blizzards. Que je sois portée là-haut, dans le rythme des rafales et des tempêtes. Rien de moins. Transportée dans un au-delà où respirer fait du bien, où jamais le manque d’amour ne vous éteint.
J’ai comme besoin de revenir à la vie. Il me faut cet inspire dans l’amour, cet expire de la douleur. D’une cadence à deux temps, d’une danse étourdie au cœur du vent.
Oui, alors je danserai dans les bras de la bise en la belle saison. Jusqu’au vertige. Dans sa respiration à lui, à lui le vent. C’est Lui qui respirera, c’est lui qui m’entrainera en sa danse aérienne.
Puisse-t-il ainsi danser avec moi jusqu’à la tombée du jour, sans s’arrêter. Danser dans les bras de l’invisible fougueux, sa force et son mystère, quoi de mieux finalement ?
M’enivrer du vent.
Respirer enfin de sa respiration.
Respirer.
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