
A chaque respiration
A chaque respiration j’entends siffler le vent qui s’en va vers demain.
A chaque inspire j’entends le cri des mouettes qui s’envole dans les cieux.
A l’expire, c’est le bruit du tissu qu’on déchire, le trou ne cesse de grandir.
J’aimerai ne plus respirer pour ne plus sentir.
J’aimerai tout bloquer.
La blessure serait moins grande.
Mes poumons avalent l’air sans respirer.
Tout est désaccordé, on dirait un accordéon vieux comme le monde.
A chaque gorgée de souffle, j’entends le son de ma nuit blanche.
J’aperçois devant moi tous les mouchoirs en forme de chagrin.
Ils volent, non, ils tournent en rond.
Ils suffoquent, ils cherchent leur chemin.
Egarés, ils se bousculent, on dirait une foule fatiguée.
Tandis que le haut de mon corps se soulève
Je sens le poids des marteaux tomber dedans.
L’atelier tout dérangé.
Son étau me serre, il me serre.
Je suis comme étranglée.
Je ne peux plus lui échapper.
A chaque inspire, un grand filet s’étale où je suis prise au piège.
Emmêlée dans les fils d’araignée, me voilà ligotée.
Je ne peux plus bouger.
A chaque expire, la douleur m’engloutit dans sa gorge béante.
C’est un ravin, que dis-je, un précipice où je ne puis sauter.
Je suis là sur le bord, dans mon vertige,
Je ne peux plus marcher.
Ma respiration est une pente raide,
Un escalier tout essoufflé,
Un parachute sans le vent.
Je ne respire plus.
Je cherche à garder la tête bien au-dessus de l’air,
Bien au-dessus des larmes,
Bien au-dessus du vent.
Non, c’est faux, je suis en dessous,
Bien en dessous de moi,
Bien en dessous de tout.
J’entrevois les quais du départ,
Les quais des adieux,
Les trains qui volent dans la souffrance.
J’aimerai partir, loin, très loin devant.
A chaque respiration
La scie perdue dans son élan ne sait plus s’arrêter.
Je ne veux plus rien entendre
Je ne veux plus rien sentir.
Je ne respire plus.
Ma respiration est partie.
Je reste seule sans le zéphyr
Je ne sais plus.
Où Suis-je ? Ais-je demandé au tout venant.
Pas de réponse.
Alors, j’ai entendu taper mon cœur dans le dedans.
Et j’ai su.
Oui, j’ai su.
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