Maintenant

Maintenant

 

Certains pensent que notre monde n’est qu’un amas de douleurs sans nom où l’espérance serait une utopie. Il y en a même qui se moquent accusant de naïveté coupable toute personne qui s’émerveille encore. J’en connais qui méprisent tout ce qui n’est pas dans la norme, la leur, celle qui leur convient, celle qu’ils imposent.

 

Oh je ne crois pas qu’ils aient raison. C’est plus fort que moi. Je vois la beauté des regards d’enfant quand ils plongent dans les yeux de leur mère, je vois la rose qui me regarde au bout de quelques minutes, immergée dans ma contemplation. J’observe la lumière bleue des matins vierges de tout bruit, puis celle des soirs apaisés dans les bras du mois d’octobre.

 

Quelques-uns pensent qu’il faut dorénavant construire des bunkers, se préparer au pire, envisager la fin du monde par bombe nucléaire. Peut-être bien.

 

Est-ce que pour autant les fleurs de l’hiver, celles d’aujourd’hui, doivent cesser leurs éclosions dans le froid qui approche ? N’y a-t-il plus de place pour l’instant présent ? Celui, qui, là, tout de suite, nous donne à voir la danse improvisée d’une flamme de bougie, les pirouettes des feuilles dans une allée de marronniers automnale ?

 

Devons-nous, sous prétexte de sombres prédictions, cesser de rire aux blagues d’un enfant facétieux ? Ne faut-il plus s’émerveiller d’une peinture ? D’un poème inspiré ?

 

Oh je ne crois pas qu’ils aient raison. Demain, imaginons, demain, c’est la guerre.

 

Nos souvenirs seront alors notre lumière, nos sourires seront un baume, notre tendresse une effusion de joie. Nous mourrons voilà une certitude. Alors pourquoi dès maintenant nous priver du Bon, du Bien, du Beau ?

 

Est-ce que nous inquiéter ajoutera une coudée à notre existence ? C’est maintenant l’heure d’aimer dit la chanson. C’est maintenant le temps de nous le dire, de nous donner, d’offrir nos baisers et nos bouquets.

 

Demain la mort. C’est sûr.

 

Mais en cet instant où tu me lis, qu’y a-t-il de plus important que de jouir de la vie, de ses élans, de ses cadeaux ?

 

Tu te crois réaliste parce que tu restes branché sans défaillir aux tourments de ce monde. Comme tu te trompes. Aimes-tu manier le sarcasme pour étourdir tes peurs ? Penses-tu vraiment que cela nous aidera ?

 

Ferme les yeux, hume l’odeur de la terre, ouvre tes bras, rappelle-toi combien il est doux de se sentir vivant. Ouvre la bouche, ne bouge plus. Remplis tes poumons. Respire. Tu existes. Ce n’est pas pour rien. Non, pas pour rien. Tu es le trésor, la perle précieuse, l’unique. Le seul. Tu es si beau dedans.

 

Laissons les esprits chagrins dans leurs sinistres prédictions, laissons les moroses assombrir leurs propres horizons, toi, reste là, dans la clarté de ce jour qui ne reviendra pas. Il t’attend et nous tend les bras.

 

Comme un enfant en larmes que tu ne vois pas, elle te sourit déjà cette journée amoureuse, cette amante invincible. Comme le temps. Comme l’Amour surtout.

 

Oublions les ombres, fuyons l’obscurité, tournons-nous vers le Soleil. Lui qui darde ses rayons sur les bons et les méchants. Imitons-le, donnons notre lumière, jusqu’à l’éblouissement. L’amour et la crainte vont si peu ensemble.

 

L’Amour ne peut se refuser. Il est la vibration de nos yeux, le frisson de nos âmes, la transparence du vent, la chaleur de nos cœurs. L’amour parfait bannit la crainte.

 

« Aimons-nous vivants » clamait le chanteur.

 

Je crois bien que, lui, avait raison.

 

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