
« Dans le silence, un Cœur qui bat »
Une semaine de retraite silencieuse m’a conduite au seuil du mystère : déposer mes fardeaux dans le Cœur du Christ, et y découvrir la paix silencieuse qui dilate l’âme.
Je viens de rentrer d’une semaine de prière, toute en silence. Sept jours pour laisser tomber les bavardages, les distractions, les multiples préoccupations, afin d’entrer dans un autre espace : celui du cœur, celui de la rencontre avec le Cœur de Jésus.
Le silence met à nu. Il enlève les appuis ordinaires. C’est une grâce immense : il dilate l’âme. « Je suis l’écrin du silence, l’oratoire des anges, le chant des cierges » dit la petite chapelle abandonnée dans La Demeure de l’Ange. Ces mots que j’avais mis dans la bouche de pierres en ruines, je les ai vécus en moi, au plus intime.
Trois conférences par jour : une parole de feu
Chaque jour, trois conférences du recteur du sanctuaire de Paray-le-Monial venaient nourrir notre esprit et notre prière. Sa parole, à la fois enracinée dans la tradition et habitée par une vie intérieure brûlante, ouvrait des chemins de lumière. « Le Cœur de Jésus est le lieu où Dieu s’est fait vulnérable à l’amour de l’homme ».(Père Etienne).
A nouveau, j’ai approfondi la dévotion au Sacré-Cœur, plus que jamais, ce n’est pas une piété du passé, mais une invitation actuelle, vivante : déposer nos fardeaux, nos blessures, nos fatigues dans ce Cœur grand ouvert. J’ai déposé mes propres lourdeurs, mes fragilités, et je les ai laissées glisser en Lui.
Veillées de prière : beauté et sobriété
Chaque soir, des veillées de prière nous rassemblaient : prières des frères, vénération de la Croix, chants qui montaient comme un encens léger. Tout se déroulait dans une grande sobriété : quelques fleurs, la lueur vacillante des bougies, des voix qui s’élèvent. Quelle intensité ! La beauté n’était pas dans la richesse des ornements mais dans la profondeur de la prière.
Le Christ lui-même recevait notre consolation, comme si nos voix venaient caresser son Cœur transpercé. Et Lui, en retour, déposait dans nos âmes une paix qui dépasse tout entendement.
L’eucharistie, source et sommet
Les eucharisties de la semaine furent d’une rare beauté. Les homélies touchaient au plus profond, mêlant vérité et douceur. Dans la lumière du matin, j’ai communié avec une ferveur nouvelle. Chaque hostie était une consolation, une effusion de tendresse.
« La joie est toujours possible, surtout dans les plus petites choses du quotidien », écrivais-je dans mon roman. Je l’ai redécouvert ici : dans un pain partagé, dans un mot de l’Évangile, dans une note de chant, dans la lumière qui danse sur les vitraux.
Adoration nocturne : à trois heures du matin
L’un des moments les plus forts pour moi fut l’adoration nocturne. Me lever à trois heures du matin, avancer dans la nuit vers la chapelle, entrer dans cette obscurité illuminée par l’Ostensoir posé sur l’autel. Tout était silence, un silence habité.
Je suis restée là, seule, face à l’Hostie exposée. L’impression d’être enveloppée, regardée, connue. Un temps hors du temps, comme suspendu. Je me suis sentie pauvre, petite, pourtant accueillie sans condition. C’était comme si le Cœur de Jésus battait à l’intérieur du mien.
Sainte Marguerite-Marie et Marthe Robin
Cette retraite m’a permis de redécouvrir sainte Marguerite-Marie, la messagère du Cœur de Jésus. Sa vie, marquée par la souffrance, s’est transformée en une offrande de lumière. J’ai compris qu’elle nous apprend à aimer avec le Cœur du Christ, même dans l’épreuve.
J’ai aussi eu la grâce de prier dans la chambre de Marthe Robin. Le dépouillement de ce lieu, son extrême simplicité, m’ont touchée. Même si ce n’était pas la première fois que je m’y rendais. Quelques objets pauvres, un lit, des traces d’une vie offerte. Mais une densité spirituelle incroyable. Comme si chaque mur retenait encore une prière silencieuse.
Consoler le Christ
On parle souvent de la consolation que nous recevons dans la prière. Il y a aussi la consolation que nous pouvons donner au Christ. Dans l’oraison, dans le silence de l’adoration, je me suis sentie appelée à Le consoler, à être simplement présente auprès de Lui. Comme une amie qui reste là, dans la nuit, juste pour tenir compagnie.
La beauté incomparable de Marie
Impossible de passer sous silence la place de la Vierge Marie dans cette semaine. Sa beauté incomparable n’est pas de l’ordre de l’apparence, mais de la douceur, de la présence maternelle. Dans la chapelle, une grande fresque qui la représentait sous le vocable : « Marie, Reine de l’Univers » m’a plus particulièrement émue. Je sentais son regard bienveillant, comme si elle ne voyait que moi dans ce lieu. Elle m’invitait à entrer dans l’abandon, dans la confiance.
Un feu doux et brûlant
Au fil des jours, je me sentais chérie intérieurement. Tout semblait dépouillé, pourtant, tout était plénitude. Le silence, la sobriété, les enseignements, les veillées, les eucharisties, tout concourait à faire naître en moi un feu doux et brûlant.
Je repense à cette phrase écrite dans La Demeure de l’Ange :
« Je suis une chapelle habitée par une invisible mouvance. J’ai en moi les ailes des créatures célestes, le cœur des orantes silencieuses, la lumière illuminée du crépuscule ».
Oui, c’est exactement cela que j’ai vécu : être comme une chapelle vivante où l’Esprit souffle.
Un silence qui féconde
Le silence n’est pas un vide. Il féconde l’âme. Il ouvre à la contemplation. Il permet d’entendre la voix de Dieu, si discrète, si douce, qu’elle se perd souvent dans le tumulte du monde.
En lui, j’ai goûté à une paix profonde. J’ai aussi reçu une mission : vivre chaque jour davantage dans le Cœur du Christ, offrir mes fardeaux et prier pour le monde.
Action de grâce
Je rentre le cœur rempli de gratitude. Gratitude pour ces journées de grâce, pour les enseignements, pour les prêtres rencontrés, pour cette écoute attentive d’une personne à qui j’ai pu ouvrir mon cœur. Gratitude pour la beauté de la liturgie, pour la ferveur partagée avec les autres retraitants, même sans un mot échangé.
Demeurer dans le Cœur de Jésus, c’est s’y abriter comme dans une maison, c’est s’y reposer comme dans un refuge, c’est y puiser l’amour dont nous avons besoin pour vivre et aimer à notre tour. C’est le laisser vivre en nous et lui permettre de recevoir notre amour. Ou plutôt ce qui est plus juste, car nous sommes si petits : lui permettre d’offrir au Père son propre amour en nous.
Finalement, la seule véritable offrande qui ait une vraie valeur : c’est celle qui consiste à donner Dieu à Dieu. (Spiritualité de la Divine Volonté de Luisa Picaretta).
En sortant de cette retraite, je me redis ces mots de l’Évangile :
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11, 28)
Oui, j’ai trouvé ce repos. Et plus encore : j’ai retrouvé la joie qui ne vient pas de moi mais de Lui, une joie enracinée dans son Cœur.
Pour découvrir davantage sur le sujet, cliquez sur les boutons ci-dessous :
Ajouter un commentaire
Commentaires