
Je suis un Ange
Je suis l’ange de la chapelle. On m’appelle Deux-Ailes, mais ce n’est pas mon vrai nom. Le vrai, seul le Ciel le connaît, et il est fait de lumière et de vent.
Je vis ici, dans les pierres fendues, les bancs poussiéreux, la nef qui tremble encore au passage du vent. « Je suis une chapelle… habitée par une invisible mouvance. J’ai en moi les ailes des créatures célestes… » C’est ainsi que je me décrirais si j’étais de pierre. Mais je suis d’air et de feu doux.
Je ne fais pas de miracles éclatants. Je ne terrasse pas les monstres. Ma mission est simple : veiller, consoler, tenir bon quand tout vacille. J’écoute les soupirs de la Sacelle comme on écoute un enfant malade, et je pose sur ses blessures des mains de lumière.
Quand Christie arrive avec son échelle et ses outils, j’ouvre grand mes ailes pour que le soleil la réchauffe. Quand elle dégage les lettres « Notre Dame des Anges », mon cœur se met à chanter, et le ciel m’entend :
« Voilà bien longtemps que, de mon côté invisible, je n’avais plus entonné de cantique. »
Je connais les saisons comme on connaît le visage d’un ami. Je sais la couleur du crépuscule, l’odeur de la pluie sur les tuiles, le goût de la poussière d’autel. Je prie dans la lumière illuminée du soir, quand tout se tait et que la terre respire plus lentement.
J’ai vu des promesses trahies, des enfants rire, des vieilles mains se joindre, des larmes tomber sur les dalles. J’ai vu la joie renaître dans les yeux d’une petite fille qui n’avait plus de voix, juste parce qu’ici, une histoire lui avait été racontée. J’ai vu Héloïse porter l’espérance comme on porte une lampe dans la nuit.
Ma mission à la Sacelle est de rappeler que l’invisible n’est jamais loin. Que chaque geste de soin, chaque regard de tendresse, chaque rêve de restauration, est déjà une victoire. Que la joie est une vertu, un don, mais aussi une décision.
Je reste là, même quand vous pensez être seuls. Je reste, même quand on ferme la porte, même quand les herbes folles recouvrent tout. Et si un jour la chapelle retrouve son sourire, peut-être partirai-je ailleurs. Ou peut-être resterai-je encore, invisible et heureux, dans ce recoin de campagne où l’éternité se cache sous les feuilles.
Je suis Deux-Ailes. Ange de campagne, ange de ruine et d’espérance. Et je veille.
(Remarque : je suis de mouvance catholique et je n'adhère pas aux pratiques occultes, ésotériques, médiumnité', ondes vibratoires, New Age, voyances, magnétiseurs, radiesthésie etc. : mon propos est purement LITTERAIRE et SPIRITUEL. Je respecte les gens dans leur pratique mais ne saurait y adhérer). En conséquence : nul besoin de m'approcher si vous vendez ou promulguez ce type de "spiritualités".
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