La bougie consumée

Je suis la bougie consumée

 

Je suis une bougie.
Toute petite. Toute simple. Posée un jour sur un autel. Allumée pour un vœu, une absence, un remerciement.
Je me suis consumée. Lentement. Comme une vie. Je n’ai jamais crié. Je me suis offerte. J’ai fondu en silence. Et j’ai prié avec ceux qui ne savaient plus comment faire.

 

Ma flamme tremblait souvent.
Comme le cœur de ceux qui espèrent encore sans trop y croire. J’ai tenu bon. Même quand la chapelle était vide, j’avais en moi le feu de l’Espérance.
Aujourd’hui, je suis un reste. Un moignon de cire collé à la pierre. Mais je suis fière. J’ai prié. J’ai offert. J’ai brûlé. Ce n’est pas rien.

 

Christie m’a vue.
Elle m’a prise dans sa paume. Et elle a soufflé : « Merci. » C’était une caresse.
Je suis une bougie. Et tant qu’il y aura des bougies, il y aura des prières. Tant qu’il y aura des prières, il y aura de la foi. Et tant qu’il y aura de la foi, il y aura des ressuscités.

 

Je me souviens.
De l’enfant venu en silence, tirer la manche de sa mère, lui demander de rallumer la flamme. Il n’a rien dit. Il a juste regardé. Longtemps. Et j’ai compris. Il parlait avec les yeux. J’ai flamboyé rien que pour lui. Pour cette demande dont il n'osait pas parler.

 

Je me souviens.
Du vieux prêtre qui m’a allumée pour un absent. Il n’a pas nommé son nom. Mais j’ai senti que c’était quelqu’un qu’il n’arrivait pas à oublier. Alors j’ai brûlé pour cette mémoire, pour ce pardon qui tardait à venir.

 

Je me souviens.
Du vent de décembre qui sifflait dans les interstices. Du froid qui glaçait les bancs. De la poussière des anges. Et de la lumière timide du matin. Rien ne semblait vivant, sauf moi. Une flamme. Vivante. Présente. Fidèle. Jusqu’au bout.

 

Et si vous aussi, un jour, vous voyez une bougie consumée au bord d’un autel oublié… Dites-lui merci. Ce n’est pas rien, une bougie.

C’est une prière debout.

 

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