Quand les pierres pleurent

Quand les pierres pleurent

 

« Là où est l’Église, là est aussi l’Esprit de Dieu ;

et là où est l’Esprit de Dieu, il y a l’Église et toute grâce. »
 Saint Irénée de Lyon

 

Il y a quelques jours encore, j’ai lu que dans les Landes, en région parisienne et ailleurs, plusieurs églises avaient été vandalisées, profanées, parfois incendiées. Ces nouvelles me traversent comme un coup de vent glacé. On peut ne pas aller souvent dans une église, mais chacun sait qu’en pousser la porte, c’est entrer dans une mémoire. Y toucher par haine, par négligence ou par dérision, c’est aussi profaner une part de nous-mêmes.

 

Je pense à ma chapelle de roman, Notre Dame des Anges. Elle n’est pas seulement un décor : elle parle, elle tremble, elle espère. Elle dit :

« Je suis un patrimoine oublié. (…) Je suis une chapelle habitée par une invisible mouvance. J’ai en moi les ailes des créatures célestes, le cœur des orantes silencieuses… »

 

Ces mots résonnent étrangement aujourd’hui, quand je vois les vraies chapelles et églises de nos villages subissant le même abandon, la même violence. Comme si leur silence gênait, comme si leur présence rappelait une profondeur dont notre époque ne veut plus.

 

Mais je crois que ce silence est précieux. C’est le silence des générations passées, des chants, des prières, des espérances déposées entre les pierres. Le silence d’un cœur qui bat autrement.

 

Dans mon roman, Héloïse veut sauver cette chapelle et Chrsitie lui promet de  la sauver :

« Je ne veux pas que cette chapelle disparaisse. (…) Je veux mourir en sachant que désormais elle nous appartient. »

 

Cette promesse n’est pas seulement fictive. C’est aussi celle que je voudrais garder vivante en écrivant, en veillant à ma manière : rappeler que ces lieux ne sont pas des ruines mortes, mais des visages de mémoire, des lieux de prière et de foi. Des espaces habités par le Divin.

 

Et puis il y a la voix même de la chapelle, fragile mais obstinée :

« Mes deux bras ouverts sont mon transept. La chaleur de la tendresse divine demeure en moi. (…) Va-t-on me démolir une fois pour toutes ou bien comme le Christ au jour de Pâques, vais-je ressusciter ? »

 

Alors que je lis l’actualité douloureuse, j’entends cette question résonner : allons-nous laisser mourir ces lieux, ou bien leur donner la chance de renaître ?

Pour moi, chaque chapelle saccagée est une blessure dans le paysage intérieur de notre pays. Mais chaque main qui restaure, chaque regard qui se soucie, chaque mot qui en parle est déjà une réponse. Parce qu’au fond, nos pierres nous ressemblent : elles peuvent être brisées, mais elles peuvent aussi se relever.

 

Alors, lire La Demeure de l’Ange, c’est bien plus que suivre une histoire inventée : c’est donner une chance à la poésie, c’est dire oui à cette défense de notre patrimoine. Même si mon roman est à la frontière du conte, même s’il reste une fiction, il dit quelque chose qui me touche au cœur profondément. Parce qu’il parle de fidélité, de mémoire et d’espérance : ces trésors fragiles qu’aucune profanation ne pourra jamais éteindre.

Ce que l’on garde, ce que l’on sauve, ce n’est pas le passé, c’est l’avenir. »
Saint-Exupéry

 

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