
Une marche silencieuse en forêt
Je marche pour écouter ce qui ne se dit pas. Les arbres n’ont pas besoin de paroles, leurs troncs gravés par le temps sont déjà un livre ouvert. Ils ne donnent pas de réponses, mais ils posent les bonnes questions. Celles qui traversent le cœur comme une flèche douce. Celles qui obligent à ralentir, à respirer, à s’incliner.
Dans La Demeure de l’Ange, la chapelle se confie d’une voix muette :
« Je suis une chapelle abandonnée des hommes. Non pas des anges. Non pas du ciel ».
En forêt, c’est la même confidence que murmurent les branches : elles ne sont jamais désertées de l’Invisible. Elles tiennent debout, même blessées, même oubliées.
Alors je continue, pas après pas. Le silence m’accompagne. Il n’est pas vide. Il est plein. Rempli de tous les bruissements, de la respiration de la terre, du frôlement des herbes folles. « Je suis la demeure des songes et des poèmes, l’écrin du silence, l’oratoire des anges… » (La Demeure de l’Ange). Ces mots de ma chapelle pourraient être ceux des bois. Car la forêt est aussi demeure.
Parfois, entre deux pas, le monde devient plus clair. Les soucis s’éloignent comme des feuilles mortes. La lumière filtre entre les branches, comme une promesse. Je comprends qu’il n’est pas nécessaire de tout résoudre. Il suffit de marcher. D’habiter le présent, même fragile.
Et lorsque je ressors du sous-bois, le ciel s’ouvre. Le souffle est plus large. Le cœur aussi. J’ai marché sans chercher, et pourtant, j’ai trouvé : une paix discrète, une joie qui ne fait pas de bruit. Comme une cloche invisible qui sonne au-dedans.
La marche est une prière à ciel ouvert. Une manière de redevenir disponible à ce qui est. Dans mon roman, la chapelle le dit autrement : « Ma nef, ce qu’il en reste, est chemin d’Espérance. Mes deux bras ouverts sont mon transept. » (La Demeure de l'Ange). Ainsi les arbres deviennent des colonnes, les rivières un autel, et le vent une oraison.
Dans cette lenteur, je découvre que chaque pas est une offrande. La forêt m’enseigne l’humilité, elle me rappelle que tout renaît. Que le dépouillement n’est pas la fin, mais l’entrée dans une clarté nouvelle. Et je sors de ce silence habité avec la certitude tranquille que la vie, toujours, recommence.
Ajouter un commentaire
Commentaires