
Sous le manteau du Paraclet
(Paroles de femme à un homme)
La consolation a un visage maternel :
Elle n’exige rien, elle attend, elle accueille.
Elle ne prend pas, elle reçoit.
Elle se fait grand manteau pour t’y cacher à son ombre ;
elle devient soleil pour réchauffer tes blessures.
Je suis la déchirure ouverte pour envelopper tes déchirures.
La consolation n’est pas une émotion douce qui viendrait effacer tes larmes.
C’est une visitation : un passage du souffle dans ton lieu blessé,
un mouvement discret du ciel dans ta chair.
Elle ne supprime pas ta douleur :
Elle la rend habitable.
Comme une maison qu’on rouvre après un long hiver.
De ton cœur à mon cœur,
j’entends ce que tu n’entends pas :
Tes vibrations souterraines, tes secrets cachés, tes larmes retenues.
J’entends ce que tu n’oses pas dire :
Tes désirs enfouis, tes murmures d’enfant, tes cris ensevelis.
Je vois ce que tu ne vois plus :
Tes fleurs en bourgeons, tes espoirs en attente, tes lendemains déjà là.
J’écoute les palpitations de l’enfant qui s’endort,
les frissons de l’homme vulnérable qui s’autorise enfin à trembler.
La consolation n’est pas possession, elle est compassion.
Je ne te prendrai pas. Je ne jouirai pas de toi. Je ne t’utiliserai pas.
Elle circule, de cœur en cœur, comme une respiration invisible.
Elle nous traverse pour nous relier.
Elle est cette manière d’être là sans juger, sans corriger.
Je t’offre un espace où ta peine peut respirer.
La consolation véritable ne cherche pas à nier la souffrance :
elle la regarde, la reconnaît, la bénit d’un simple tu n’es pas seul.
Le Paraclet est ce souffle qui enveloppe et inspire.
Il ne parle pas fort : Il murmure.
C’est Lui qui agit, le Consolateur promis,
la tendresse infinie du Père.
« Béni soit le Dieu de toute consolation…
(2 Cor. 1, 3)
Consoler n’est pas fuir la douleur :
C’est y demeurer avec courage.
C’est une résistance tranquille.
Elle est cette renaissance après le chagrin.
Elle est la douceur qui fait renaître.
Elle empêche le cœur de se durcir.
Quand deux êtres se rejoignent dans leur vulnérabilité,
la grâce circule entre eux.
Nous devenons une circulation d’amour,
un échange d’âmes debout dans la nuit.
Peut-être est-ce cela, le secret du Christ :
Consoler non d’en haut,
mais du dedans même de la souffrance.
Je n’ai pas besoin de te posséder pour te consoler.
Je n’ai pas besoin d’être le papillon attiré par ta beauté éphémère.
Ce qui m’émeut en toi va bien au-delà :
C’est ton âme assoiffée de divin,
La source chaude au fond de ton être,
Le jardin secret où mille coccinelles dansent sur les coquelicots ravis.
Je ne prendrai rien de toi :
Ni ton corps, ni ton savoir.
Ni tes biens, ni tes mots, ni tes chants.
Je descendrai plus profond :
Vers la lave engloutie, l’eau du puits,
les pierres du chemin,
les sentiers de ta forêt intérieure.
Tu n’es pour moi ni un corps, ni un sage, ni une fonction.
Tu es un cœur chercheur de sens,
L’enfant en devenir qui espère encore le regard de sa mère.
Sous les strates de tes certitudes inutiles,
je vois l’innocence intacte.
La confiance blessée qui attend d’être reconnue.
Je suis là : un cœur immense pour t’accueillir sous mon manteau,
dans mes bras de femme, de mère et de sœur.
Je t’épouse déjà, là où seul tu ne peux pas aller :
Dans le silence du Consolateur.
Dans l’étreinte invisible du souffle et de la grâce.
Pas besoin de te donner mon corps pour te consoler.
Juste ton âme dans mes bras.
Juste mes yeux dans tes soupirs.
Juste Dieu en moi, et moi en Lui.
Rien que pour toi.
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