Coccinelle

Coccinelle

J’étais assise à ma fenêtre. Le soleil inondait de sa lumière tout mon appartement. J’ai tourné la tête vers l’astre solaire. Les yeux fermés, je goûtais à sa chaleur. Ses rayons caressaient mon visage ; je respirais profondément.

 

En ce début de soirée, le silence imprégnait tout : les arbres, le bitume, les maisons. Je me suis mise à prier. Comme ça, presque immédiatement.

 

Je louais pour le beau temps, pour le souffle léger de l’air, pour les feuillages des arbres, pour le lierre tenace sur le mur d’en face. Je contemplais le bleu du ciel, sa pureté, sa candeur. Je voyais, les yeux plongés dans son immensité, la robe mariale, sans les étoiles.

 

J’apercevais la trace blanche d’un avion de passage, tout en haut. Si loin, si fugace. Les balcons des immeubles semblaient attendre quelqu’un ou quelque chose. Du linge séchait. Des chaises vides patientaient. Les antennes sur les toits tendaient leurs bras vers les oiseaux.

 

Dans cette ambiance où la sérénité m’enveloppait comme un pansement sur mon cœur endolori, je vis, tout à coup, une petite coccinelle. Avec sa robe rouge, revêtue du manteau rédempteur. Dans sa parure ensanglantée par le sang du Sauveur, je lui trouvais une ressemblance inattendue avec mon âme.

 

Ses petits points noirs brillaient comme des boutons sur son vêtement. Parsemés çà et là, on aurait dit les taches de mes propres fautes, regrets ou maladresses. Oui, décidément, ce petit insecte volant avait quelques affinités avec ma personne. À n’en pas douter.

 

Je suis la coccinelle du Bon Dieu. Je ne crois pas porter chance, mais l’habit qui me recouvre est l’image de l’Amour salvateur qui nous habille tous. C’est ainsi.

 

Je connais une âme dont la vie a traversé tant de maux, tant de douleurs et d’errances. Elle aussi, je la vois bien en coccinelle. Ce n’est pas un déguisement, pas même un maquillage, ni l’idée fantasque d’une mysticité déréglée. Non, pas du tout.

 

C’est bel et bien ce que je suis, ce que nous sommes : une petite coccinelle de velours rouge sang, minuscule, qui arpentait sous mes yeux étonnés la rambarde devant laquelle je me trouvais. Sans prévenir, elle s’est envolée, rapide, avec empressement.

 

Je l’ai suivie du regard un long moment. Où allait-elle, dans la clarté de cette soirée fatiguée ? Où se rendait-elle dans l’espace ensoleillé de ce mois d’octobre ? Mystère.

 

Ce dont je suis sûre, c’est qu’une coccinelle ainsi vêtue ne peut se perdre en chemin. Guidée par la chaleur du jour, environnée de lumière sans ombre, elle volait sans retard ni peur. Quand on est au Christ, il en va bien ainsi : on ne saurait se perdre.

 

Si la coccinelle porte chance, c’est parce qu’elle transporte partout avec elle la marque du Rédempteur, la grâce de son amour infini.

 

Je connais des coccinelles qui ignorent la beauté de leur tenue. Elles ne voient ni le rouge, ni le noir, ni le soleil, ni le vent, pas même leurs ailes. Qu’importe.

 

Mon cœur est une coccinelle voyageuse, qui transporte avec elle — invisible — toutes les autres. Tout le monde sait cela : elles sont généreuses.

 

Le cœur du Christ a, dit-on, la beauté des coquelicots. Certes. Il a aussi la vertu des coccinelles.

Qui pourrait me faire croire que vous ne le saviez pas ?

 

Je dégrafe les jolis boutons noirs pour ouvrir sa robe écarlate, puis je plonge dans son Soleil. Ensemble, à deux, nous nous posons sur la fleur fragile. Balancés par le zéphyr, nous vivons de notre Amour.

L’Amour est coccinelle et coquelicot.

 

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Commentaires

Ancolies
il y a 2 heures

Joli texte inspiré Deo. Encore et toujours dans l'Amour et le Sacrifice de Christ, source et lumière de tout selon vous. Mais l'homme lui n'est pas aimable du tout. La preuve ? Il fait pipi sur le gazon pour embêter les coccinelles, pipi sur le gazon pour embêter les papillons, pipi, gazon, papillons coccinelles, pipi, gazon, coccinelles papillons. Un jour il nous faudra parler des papillons, ceux qui morts-nés folatrent dans les étranges prés d’albâtre.