
Préserver nos chapelles blessées
Quand le sacré vacille : le patrimoine catholique menacé
Chaque jour, je lis ou j’entends parler de profanations, de tags injurieux, de statues brisées, d’églises saccagées. Ces actes ne sont pas seulement des dégradations matérielles : ils frappent le cœur d’une mémoire collective, meurtrissent le silence des pierres. En France, les actes « antichrétiens » progressent : entre janvier et mai 2025, 322 actes ont été recensés, soit une hausse de 13 % en un an (RCF). Des sénateurs se sont saisis du sujet, appelant le gouvernement à agir concrètement pour protéger fidèles et lieux de culte.
Ces atteintes ne sont pas « des faits divers » : elles disent un déracinement, un aveuglement, une blessure visible. Ce patrimoine religieux, souvent confié aux communes dans notre pays, est aussi fragile par l’usure du temps que par l’indifférence ou la violence.
Cette situation me touche
Quand j’ai commencé à écrire La Demeure de l’Ange, je ne pensais pas seulement à une fiction : je bâtissais une prière, un sanctuaire de mots. Ces profanations me touchent. Je sens mon cœur se tordre de douleur. J’ai alors pris la plume avec plus d’ardeur : écrire, c’est résister. Mon roman n’est pas un mur de pierre, mais une demeure spirituelle où l’ange veille encore. Chaque mot pose une lampe dans l’ombre, chaque image une offrande, une présence silencieuse.
Je repense souvent à ce passage où la chapelle parle elle-même : « Je ne suis plus rien aux yeux des êtres qui m’entourent. Plus rien. Pas même un désir, ni même un rêve. Je ne suis qu’une masse informe perdue au milieu des herbes folles. Perdue, je vous dis, comme on peut l’être quand on se croit sans âme. » Ces paroles mises dans la bouche des pierres disent aussi ma peine : comment rester indifférent quand ce cri silencieux résonne jusque dans nos entrailles ?
Un combat intérieur et une espérance
Ma foi vacille parfois devant ces destructions. J’ai honte d’avouer que je ressens de la colère. Mais aussitôt je me rappelle que la beauté est plus forte que la haine, et qu’elle renaît toujours. Écrire m’a réconfortée comme une liturgie intime : « Je suis une chapelle, habitée par une invisible mouvance. J’ai en moi les ailes des créatures célestes, le cœur des orantes silencieuses, l’esprit des ciboires. » C’est cela que je veux redire : ce souffle qui traverse encore les pierres, malgré l’oubli des hommes.
Je crois profondément que la Beauté peut sauver ces lieux. Elle n’est pas une nostalgie, mais une promesse. Restaurer une église, relever une croix, c’est redonner aux générations futures non pas seulement un monument, mais un espace où respirer, où prier, où se recueillir. C’est affirmer que la lumière n’est jamais vaincue, qu’elle sait jaillir même des ruines.
Que faire, que dire ? Quelques pistes
Je ne prétends pas donner des solutions toutes faites. Mais voici quelques orientations que je souhaite partager, pour que ce cri ne reste pas muet :
- Éveiller les consciences : L’indifférence est complice.
- Soutenir les associations de sauvegarde comme SOS Calvaires, qui agissent pour restaurer chapelles, oratoires et croix abandonnées.
- Faire de l’église un lieu vivant : Pour que ces bâtiments ne soient pas simplement des reliques figées, mais des lieux de vie.
Une espérance ardente
Je ne crois pas au silence face à la destruction. Si j’ai voulu parler aujourd’hui, c’est parce que je crois, non pas naïvement, mais obstinément, que la parole est un refuge mais qu’elle a aussi le pouvoir d’éveiller, de révéler, de dénoncer. La Demeure de l’Ange n’est pas un simple roman : à la frontière du conte, il affirme que là où le visible chancelle, l’invisible lutte pour subsister.
Que chaque personne qui s’approche de mes lignes se sente concernée : ce patrimoine en danger est une part de nous-mêmes, un coin lumineux du monde qu’il nous appartient de garder vivant.
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