
Dieu habite aussi les coeurs pauvres et solitaires
Il est des chemins que l’on emprunte sans les avoir prémédités. Ils s’ouvrent devant nous comme un sillon creusé dans la terre intérieure. Ainsi ai-je rencontré la spiritualité de la Divine Volonté, par les écrits de Luisa Piccarreta, cette humble femme du sud de l’Italie qui a vécu dans le silence, la pauvreté et la souffrance, mais aussi dans une union si intime avec Dieu qu’elle a pu écrire des pages brûlantes d’amour.
Luisa n’a pas été une héroïne au regard du monde. Elle n’a pas rempli les places ni retenu l’attention par des discours flamboyants. Elle a vécu recluse, clouée dans un lit, dans la discrétion des vies ignorées. Mais c’est précisément là, dans l’obscurité de son quotidien, qu’a jailli une lumière. Cet été, pendant ma retraite spirituelle, j’ai également, pour la troisième fois, prié dans la chambre de Marthe Robin. Elle aussi, clouée au lit, discrète, offerte, à vivre d’un amour brûlant.
Ces deux âmes offertes, victimes, nous semblent si loin de nous par bien des aspects… Et pourtant, en elles, s’est inscrit ce mystère : Dieu peut habiter pleinement une existence qui semble n’avoir rien à donner, rien à montrer. Deux vies fécondes.
Je lis ses textes avec cette conscience aigüe : il n’est pas nécessaire d’être entouré d’applaudissements pour être fécond. La solitude qui m’habite, le peu de lecteurs qui se sont penchés sur mes pages, tout cela pourrait être lu comme un échec. Malgré mes efforts depuis des mois, mon désir de partage, un roman qui se veut très « ouvert » (pas besoin d’être catho pour me lire), tout a l’apparence de l’échec. Alors parfois, la douleur monte comme une vague : à quoi bon écrire si personne ne reçoit ? Mais aussitôt, dans ce cri, se glisse une réponse intérieure : Lui, il est là, tout est déjà reçu.
Au cœur d’une vie solitaire comme la mienne, j’entrevois une école invisible. Elisabeth de la Trinité le disait : « Il y a des échanges d’amour qui ne se vivent que sur la croix. » Alors mes croix, petites ou grandes, deviennent des lieux de passage, des ponts fragiles mais réels vers ce Dieu Amour qui nous aime tant. Ces ponts, même tremblants, me font pressentir une joie plus vaste, une certitude qui soulève l’âme : rien n’est perdu quand c’est offert.
Je ne dis pas que c’est facile. La chair résiste, le cœur s’attriste, les larmes parfois coulent. Mais il y a dans la foi une sève qui circule même quand les branches paraissent desséchées. C’est elle qui me garde debout, c’est elle qui m’invite à offrir mes journées, mes écrits, mes désirs, dans cet abandon simple : « Seigneur, ta volonté, pas la mienne ». Parfois je chancelle, parfois je tombe, mais toujours cette prière revient et me relève.
Il y a quelques jours encore, j’étais en larmes, brisée par ma peine, le cœur serré jusqu’à suffoquer. Alors j’ai médité une heure de la Passion du Christ. Chaque scène, chaque souffrance traversée avec Lui venait rejoindre la mienne. Puis j’ai écouté sur YouTube une prière d’adoration guidée. Et soudain, comme une brise légère qui balaie la poussière, la paix est descendue, totalement. Le chagrin s’est apaisé, et j’ai retrouvé la douceur d’une présence qui ne déçoit jamais.
Ma prière est souvent pauvre et déserte, mais je crois à cette fécondité invisible. Écrire, même pour une seule personne, vivre, même dans l’ombre, aimer, même en silence : tout cela peut devenir offrande si c’est Dieu qui l’habite. C’est dans cette lumière que je continue d’avancer, pas à pas, avec mes croix et avec ma joie, dans l’espérance que tout est semence quand on le dépose dans le COEUR du Christ.
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