Ecrire dans le jardin

Ecrire dans le jardin : une pratique d'âme

 

Il y a dans l’acte d’écrire dans un jardin quelque chose de plus profond qu’un simple cadre agréable. Ce n’est pas la beauté qui inspire d’abord, mais le rythme. Le silence qui palpite entre deux chants d’oiseau, le vent qui tourne doucement les pages, les cris des enfants qui jouent, la couleur des fleurs, l’humilité d’un brin d’herbe.

Assise, carnet ouvert, je n’écris pas sur la nature, j’écris avec elle. Ensuite, avec les mots, je voyage. Je me retrouve, sans changer de place, dans ce jardin, tantôt à un concert, ou bien dans une chapelle, à l’intérieur de moi. C’est selon. Selon les mots qui dansent en moi.

 

Dans un jardin, une forêt, un parc, l’écriture se fait plus sensible. On dirait parfois que les oiseaux veulent écrire avec moi. Quelquefois je me demande si leur mélodie n’est pas tous ces mots que je pose sur le papier. A d’autres moments, je ferme les yeux. J’écoute mon intériorité. Au-dedans. Je note juste quelques mots.

 

Puis je rentre chez moi, je reprends ces quelques mots épars et j’en fais une musique à mon tour. J’écris, j’efface, je change les mots, je recommence, j’hésite, j’arrête, je change d’avis. Puis je reprends, je lis, j’écoute les sons. Est-ce assez fluide ? Je me fais l’effet d’un guitariste qui cherche à accorder sa guitare. Je suis en forme de diapason, je cherche le LA de l’écriture. Me voilà chef d’orchestre moi qui ne connait rien au solfège.

 

Dans ce lieu vivant, l’écriture devient écoute. Loin du tumulte intérieur, elle épouse le souffle de ce qui est simple et offert. Écrire dehors, c’est prier sans mots parfois, c’est redevenir poreuse au monde, accueillante au mystère. C’est là que les mots viennent me cueillir. L’un d’eux arrive, un autre part. On dirait le vol des moineaux, brindilles au bec, qui font leur nid.


Et vous ? Avez-vous ce lieu discret, où l’âme peut s’asseoir avec le corps, et où chaque mot devient présence ?

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