1ère page de "La Lanterne aux Trois flammes"

Conte 1 – La Lanterne aux trois Flammes


Oriane, enfant du lac, porte une lanterne où brillent trois flammes : Foi, Espérance, Amour. Un soir, la lanterne s’éteint. Elle rencontre alors Eleor, enfant venu d’ailleurs, qui lui propose un voyage intérieur pour retrouver ces trois lumières perdues. Ce périple symbolique la confronte à la blessure, au doute, puis à la joie renaissante. L’histoire décrit la métamorphose d’un cœur blessé qui choisit à nouveau la lumière.

Première page de "La lanterne aux trois flammes"  L’APPEL DU CHEMIN

  

« Est-ce que Dieu sait quand je ne brille plus ? », Oriane est une enfant curieuse du ciel, de ses mystères, de sa couleur. Dans sa main droite, elle tient toujours une petite lanterne en fer forgé. A vrai dire, est-ce sa main qui la tient ou bien est-ce la lanterne qui lui tient la main ? En tout cas, jamais elles ne se sont quittées. Elles sont l’une pour l’autre comme les deux côtés d’une pièce de monnaie, comme ses deux yeux sur son visage diaphane.

 

Oriane avance dans le temps comme on glisse sur les nuages en pluie. Elle ne sait plus trop son âge, qu’importe, les chiffres ne sont que des chiffres n’est-ce pas ? Elle avance hors du temps, hors des heures qui s’écoulent, quelque part entre hier et demain. Ce n’est pas très important.

 

Elle habite près d’un lac. Chaque soir, elle a un petit rituel, elle ne sait pas pourquoi elle agit ainsi, mais c’est primordial de ne jamais oublier.  Que fait-elle ? D’abord, elle marche un peu dans l’eau, pose sa lanterne sur une souche d’arbre, puis lève la tête. Le nez dans les étoiles, elle les contemple. Les yeux grands ouverts, elle respire l’odeur de la mousse près de l’étendue d’eau, elle sent la caresse du vent qui agite sa robe bleu nuit, toujours la même. Ses bras nus sous la brise, elle entend son souffle et son gémissement.

 

Elle observe les étoiles, elles brillent dans l’eau. Le lac est le miroir du ciel.  D’ailleurs, il porte une étoile sur son dos, C’est la plus grande, la plus étincelante, celle qu’Oriane préfère : elle la contemple longuement dans la tiédeur du soir.

 

L’enfant reste là au milieu des étoiles qui se reflètent dans le lac, sa lanterne allumée tout près d’elle. Par instant, elle ferme les yeux. Elle respire largement, elle savoure l’air du temps qui s’engouffre dans son corps. Une tendresse invisible l’enveloppe toute entière, elle se sent bien. « Est-ce qu’au ciel c’est comme ici ? » se demande-t-elle à voix basse. Le silence est la réponse.

 

Après quelques minutes, elle se lève, se dirige vers la petite chapelle en ruines juste à côté. Les vitraux chantent, toujours illuminés par le soleil de la nuit, celui qui ne se voit pas. Les couleurs illuminées ne cessent de vibrer. Chaque soir, juste après sa contemplation du ciel dans l’eau du lac, elle vient écouter les vitraux chanter. Leur sonorité, leurs vocalises, tout est si beau.

 

Elle s’assoit près de l’autel usé, elle écoute les paupières closes les cantiques des vitraux. Et des do et des la et des sol. Leurs mélodies s’élèvent sous la voûte du ciel, dans cette petite chapelle presque sans toit, sans bancs, ni chaises, ni bougies. « Elle est si belle ma chapelle ! » s’exclame-t-elle pendant que les vitraux entonnent un dernier chant.

 

Ensuite, elle s’en va dans le vent, dans la nuit, dans l’air du temps qui passe et ne revient jamais.

 

Voilà, telle est la mission d’Oriane, une enfant au cœur d’étoile, des grands yeux couleurs du lac, une robe bleue illuminée de petits sourires, des cheveux châtains toujours défaits qui flottent dans l’air. On dirait une poupée de soie, un elfe doré, un ange sans les ailes, peut-être bien une femme en devenir.

 

Toujours bienveillante, la joie dans le cœur, jamais elle n’oublie son petit rite du soir : d’abord le lac, miroir de l’âme et du ciel, puis la chapelle aux vitraux lyriques. Voilà son bonheur, son occupation, son secret surtout. Nul ne connait ce lieu. Elle seule. Jamais elle n’y a rencontré une autre personne. C’est sa chambre intemporelle, son refuge, son cosmos, son univers unique. C’est à elle, rien qu’à elle. Nul ne le sait.

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