L'Art de la Consolation

L’art de la consolation

 

Consoler, c’est accueillir la douleur de l’autre sans lui dire d’en sortir. Dans L’Offrande et la Fronde, la consolation circule sans qu’aucun des deux ne la revendique. Elle s’invite dans les silences, dans les phrases qu’on n’ose pas finir. Il y a dans ce va-et-vient une manière de tenir la main, sans promesse. Juste un peu de chaleur humaine déposée entre deux âmes. Je lui disais :

 

« Je suis là. Une présence discrète et lointaine, mais je suis là. »
(Les toxiques)

 

Consoler, c’est dire : je te vois, et cela suffit. Quand il semblait se dénigrer, je lui répondais :

 

« Vous avez tant de valeur, Ancolies. Vous n’imaginez pas à quel point. »

 

Cette phrase, simple, presque ordinaire, devient dans le livre un fil de lumière. Elle n’efface rien, elle éclaire. La consolation n’est pas un discours. C’est une attitude. Elle demande de se taire plus qu’elle ne demande de parler. Dans cette correspondance, elle prend la forme d’une écoute longue, patiente, tissée de respect.

 

« Je vous trouve si beau encore dans cette page lumineuse.

Je parle de beauté intérieure bien sûr. De rien d’autre. »
(Le danger)

 

Je comprends que consoler, c’est croire pour deux quand l’autre n’y arrive plus. Il doute de tout, même de son droit d’être aimé. Moi, je continue d’espérer pour lui.
La consolation ne redresse pas : elle accompagne. Elle ne comble pas le vide : elle le rend habitable. Dans ce livre, c’est peut-être cela que nous avons réussi : non pas à effacer nos solitudes, mais à les apprivoiser.

 

À mesure que les lettres avancent, je découvre que consoler, c’est aussi se laisser consoler. Ses mots à lui, parfois rudes, me font du bien. Quand il parle de rire, de dérision, d’autodéfense par l’humour, il m’apprend à respirer autrement. Sous ses colères, il y a une tendresse immense. Il me rappelle que la consolation ne descend pas d’un cœur fort vers un cœur faible : elle circule. Comme un souffle entre deux êtres qui se reconnaissent blessés du même côté. Comme il l’écrit si bien :

 

« Oui, comment supporterions-nous la mélancolie

si nous n’étions capables d’en faire un grand réservoir de poésie ? »
(Tu auras mon humour nécessaire)

 

Au fond, la consolation est souvent invisible. Elle ne brille pas, elle veille. Dans L’Offrande et la Fronde, il y a un fil de compassion. Pas une morale, pas une leçon. Juste la certitude que, même dans la nuit, quelqu’un répond.

 

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