
Offrande et Fronde : le livre des contraires
Dans L’Offrande et la Fronde, deux voix se répondent : celle d’Ancolies, blessée, terrienne, parfois insolente devant le ciel, et la mienne, croyante, habitée d’une douceur lumineuse.
Le tableau de nos différences pourrait faire croire à une fracture : lui, la fronde ; moi, l’offrande. Pourtant, au fil des pages, j’ai découvert qu’entre ces deux pôles circulait un souffle commun.
- Le sol et le ciel
Il écrit :
« Je contemple la gorge serrée le puits du temps, la chevauchée des strates… Et cette saleté de solitude bien sûr. »
(Le puits du temps)
Chez lui, le regard s’ancre dans la matière, dans la solitude.
Je lui réponds :
« Il me reste cette présence silencieuse de Dieu, du Divin, au-dedans de moi qu’à tout moment je peux rejoindre. Quand on est croyant, on n’est jamais absolument tout seul. »
Lui descend dans la terre, moi j’ouvre le ciel. Entre nous, la verticalité complète du monde se dessine : le gouffre et la lumière.
- La blessure et la prière
Il dit :
« Le danger, c’est ne pas aimer. »
(Le danger)
Phrase d’homme qui s’est brûlé à la vie.
Je réponds :
« Ce passage-là me bouleverse. C’est une page d’Évangile… Vous touchez là les cordes vibratoires de mon être profond. »
La blessure devient passage vers le spirituel.
Ce que lui nomme instinct de survie, je l’appelle grâce.
Dans ce frottement se trouve, je crois, le cœur du livre : une foi en miettes que la tendresse relève.
- La révolte et la tendresse
Souvent, il est en guerre contre le monde :
« Ne pas aimer. Je les regardais, leurs fronts béton buté… Foutus d’amour, ils sont foutus d’amour ! »
Et moi, je tente d’apaiser :
« Vous aviez sur eux un regard de miséricorde, ou si vous préférez, une indulgence. Votre besoin de rester dans la mouvance de l’amour universel, cela me touche tellement. »
Notre opposition n’est pas morale mais existentielle.
Il part du manque, je marche vers la plénitude. Nous parlons de la même faim, sous deux langages différents.
- L’humour et la foi
Il écrit encore :
« Que serait la vie, que serions-nous sans le secours d’une solide autodérision ? »
Je lui réponds, à l’aube :
« Je suis bien d’accord avec vous. L’autodérision est nécessaire, je dirais même vitale. »
En quelque sorte, il boit à la dérision, je bois à la foi : deux manières de rester debout.
- L’amour : impossible et divin
« Chercheur d’air… » écrit-il, en quête de sens.
Et moi :
« Je suis comme vous : une chercheuse d’air. »
Lui cherche l’amour comme un absolu impossible, moi comme une trace du divin.
Mais la quête est la même. Et c’est peut-être cela, le miracle du livre : la rencontre de deux solitudes qui se reconnaissent d’âme à âme, par-delà nos différences.
Conclusion
L’Offrande et la Fronde n’oppose pas deux écritures :
Lui, l’homme de la lucidité blessée ; moi, la femme à la foi ouverte.
Et dans cette différence même, naît un espace de vérité : là où la terre et le ciel, la chair et l’esprit, se parlent enfin sans se juger.
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