
Avec ma plume, je peins des arbres et aussi des oiseaux, quelques écureuils, sans oublier les insectes de l’été. Mes fleurs sont immenses, elles dépassent les maisons avec leur joli toit de tuiles, comme en Provence.
Je place des rivières qui chantent juste sur les côtés. J’écoute le bruit de l’eau qui coule, je respire l’odeur de la terre humide. J’entends au loin les boulevards aux voitures si pressées, les pas des gens sur les trottoirs ensoleillés. Je sens le souffle du vent dans mes cheveux. J’observe au loin un pigeon égaré qui picore des miettes de pain.
Avec ma plume, je dessine l’océan et son déchaînement. J’entends le bruit répété des assauts de ses vagues sur les rochers. Je sens le sable fin sous mes pieds, je me dilate dans l’air iodé. Je me vois juste devant la mer, je regarde son horizon, le soleil qui descend. J’entends les cris des enfants qui courent, avec leurs pelles et leurs petits seaux à la main. Je me vois assise sur la plus haute des dunes, à regarder droit devant.
Avec ma plume, même sans te voir, je peux imaginer la couleur de tes yeux, la beauté de ton sourire ou ton regard perdu dans le lointain. Je peux rêver que tu m’aimes sans raison, comme ça, juste pour le temps de la vie. Cette vie avec toi à la force des courants rêvés.
Je peux d’un trait rapide, observer un petit oiseau blessé à terre, je me dirige vers lui, je le prends dans le creux de mes mains, je caresse sa petite tête, je le replace dans son nid. Ensuite, que devient-il cet oisillon fragile ? Comment va-t-il ? Ma plume va me le raconter, sans urgence, au gré de mes pensées baladeuses, de la rapidité de mes mains, des images qui me viennent.
Avec ma plume, je plonge dans l’eau de ton regard comme la plus jolie des flaques, je vois ta bouche éclaboussée de rires. Dans le bleu de la vie, cette vie en mer à la force des courants venteux. J’imagine ensuite un bateau, ou plutôt non, une barque, avec une voile blanche, la couleur de l’innocence.
Et puis tiens, tant que j’y suis, je peux changer d’avis, me voilà à Paris. Entre un petit square oublié et un bistrot désert. Personne ne se parle ni ne se voit. Alors, comme ça, parce que j’en ai envie, j’imagine une enfant me demander l’heure. Je lui demande : « Pourquoi ? ». Elle me répond : « Il est l’heure d’aimer ».
Voilà, c’est fait. Ma plume est féconde, facétieuse, simple. Elle est fluide aussi qui coule en perles de rosée sur les prairies de l’aube. Je me promène seule entre les chênes et les bouleaux, entre un petit pont de pierres et un ruisseau. J’écoute le clapotis de sa course inutile, le bruit des feuillages autour. Il y a même un saule, il ne pleure plus depuis longtemps, s’il se penche ainsi c’est pour me saluer bien sûr.
Avec ma plume, je voyage dans mes désirs ou bien les tiens, je refuse l’ignominie du monde, et même, si je le refaisais le monde ? Avec un arc-en-ciel comme sur les dessins de l’enfance.
Les idées m’emportent au-delà du réel. Les idées vraiment ? Ne serait-ce pas plutôt le besoin de tendresse ? Tout est possible.
A vrai dire, ce n’est plus une plume, c’est un oiseau turbulent, une cage à mystères, un univers apaisé, un cri silencieux, la caresse du zéphyr.
Oui, ce n’est plus une plume, c’est un train, une hirondelle, mon cœur affamé de toi, une robe de princesse. Mon écriture transporte avec elle des valises d’espoir, des larmes secrètes, des paysages incroyables.
Ma plume n’est pas une plume. Elle est mon cœur au bout de mes doigts, une grotte inconnue, mon âme habitée par la grâce, la lumière invisible venue d’en haut. Tous ces mots, posés sur le papier seraient-ils les reflets du Divin ?
Ma plume est le baiser du soir sur tes paupières, ma main dans la tienne, le parfum des roses et des coquelicots. Elle est moi et tellement plus que moi. Elle est fenêtre sur un monde où je découvre la beauté, la pureté, le ciel. Tout se révèle.
Ma plume danse sous les étoiles, essoufflée par mon désir. Parfois, je repère le coffre du passé, les souvenirs, les amnésies.
En vérité, ma plume est bien plus que ma plume. Elle est un écho venu de loin, quelque chose qui me dépasse. Elle écrit entre mes mots, dans mes respirations et mes silences.
Ma plume infiniment résonne, elle est miroir, elle est sonore, qui pourrait croire qu’elle vient de moi ?
Elle a la saveur d’un ailleurs qui s’ouvre chaque fois que j’écris,
Peut-être bien l’Eternité
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