Découvrir son autisme à l'âge adulte : un chemin intérieur

Le mot autisme écrit en gros caractères  et en couleur

Découvrir son autisme à l'âge adulte

Un chemin intérieur

 

Il y a des moments dans la vie où l’on se retourne, et tout prend un sens nouveau.
Où l’on revoit son enfance avec d’autres yeux.
Où les silences, les maladresses, les fatigues… trouvent enfin un nom.
Découvrir son autisme à l’âge adulte, ce n’est pas seulement poser un mot.
C’est souvent entamer un voyage intérieur.

 

 

🎭 Avant : l’adaptation constante

 

Pendant des années, on a joué un rôle. Celui de la personne sociable, performante, adaptée.
On a appris à imiter, à copier les codes, à sourire au bon moment. Mais intérieurement, quelque chose résistait.

 

Cette différence invisible, on l’a souvent interprétée comme  : trop émotive, trop fragile, trop intense… trop “tout”.


Le nombre de fois où j'ai entendu les remarques suivantes : "Faut te blinder", "Tu en fais toute une histoire", "Dis donc, il ne te faut pas grand chose toi !" etc...Personnellement, je n'ai pas le souvenir de toutes les adaptations que j'ai mis en place dès mon plus jeune âge. Tout simplement parce que j'ai reçu mon diagnostic à 57 ans. Ce qui est très tard. Très peu de souvenir et trop peu de familles témoins de l'époque. Donc, je ne me souviens même plus de toutes ces compensations que j'ai mis en place très tôt. Jusqu'ici, il me semblait que ce que je faisais était partie prenante de toute éducation au "bien vivre en société" : Dire "Bonjour", "Au revoir", "Merci", "A bientôt". A répondre quand on me parle, à bien se tenir à table, à ne pas couper la parole de l'autre...

 

Ce dont il s'agit ici est plus subtile sans doute. Par exemple : Faire comme si le sujet d'une personne qui parle m'intéressait alors qu'intérieurement je n'en ai rien à faire". Le combat qui est en moi ne se voit pas alors de l'extérieur. Et donc, après cet effort invisible, j'étais épuisée. Certains pourraient demander : "Ben, je ne vois pas pourquoi tu ne le disais pas à la personne que ça ne t'intéressait pas ! C'est de l'hypocrisie". Je comprends qu'on me fasse cette remarque mais la vérité est plus complexe. 

 

Ce "faire comme si" est tellement répétitif non  pas seulement pour une seule situation sociale mais pour de très nombreux autres contextes tout au long des jours. S'il fallait, à chaque fois, le dire ou l'avouer, ce serait pire encore, à un moment donné, l'autre nous rejetterait totalement. Ce qui arrive aussi souvent. Malheureusement.

 

Ceci est un exemple parmi d'autres mais il y a d'autres exemples encore : Vouloir vivre au même rythme que tout le monde : Métro-boulot-dodo, loisirs, sport, rencontres, invitations, réunions familiales....et à un moment donné : la corde craque. La vérité c'est que cela m'était impossible. Absolument. Mais je l'ignorais...Alors la fatigue s'est accumulé jusqu'au moment où je perds mon emploi, mon logement...en dépression, et très gros épuisement moral.

 

Voilà, on peut ainsi décrire toutes sortes de situations qui ne posent à priori pas de problèmes ou en moins grand nombre pour les autres, tandis que pour la personne autiste, c'est "un Everest".

 

🌊 Le choc du diagnostic

 

Quand le mot “autisme” arrive, souvent par une vidéo, un article, un témoignage, il provoque un choc.
Un soulagement. Une peur. Une colère, parfois.
Mais cette révélation ouvre surtout une porte : celle d’un chemin intérieur vers la réconciliation avec soi-même.

Au début, oui, j'ai regardé quantité de vidéos sur youtube. J'ai écouté mon ancien thérapeute formé depuis peu au TSA, qui m'a dit au téléphone : "Je m'étais trompée. Vous êtes dans le Spectre. C'est une certitude". 

 

J'ai répondu à des quizz en ligne, je me suis abonnée à des personnalités qui expliquaient tout dans le détail. Je pensais qu'à mon âge, je ne pourrai pas aller plus loin que l'autodiagnostic si fréquent pour une particularité très peu connue en France et diagnostiquée seulement depuis 2005... Mais j'ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes. 

 

L'expert rencontré a parlé "d'évidence".

Ce mot : "Autisme" me faisait peur. Je n'avais de ce mot que les clichés très connus  : un petit garçon qui ne parle pas, qui se balance et se frappe la tête. Sauf que cette image est erronée et bien trop véhiculée dans les médias. L'autisme est un Spectre où quantités de profils s'y retrouvent.

 

🌱 Après : apprendre à se connaître, pour de vrai

 

Découvrir son autisme, ce n’est pas devenir une autre. C’est redevenir soi.
Sans masque.  Adieu au "faux-self". C’est ce que vit Aurore dans Stéréotypie, mon roman.
Elle commence par tomber, s’effondrer. Puis elle écoute, rencontre, comprend.
Et doucement, elle renaît à elle-même.

 

Ce fut exactement mon propre parcours. La découverte renouvelée, pour ne pas dire "Naissance", de ma propre identité. Tout d'un coup, j'ai réalisé, comme Aurore, que j'avais vécu toutes ces années comme absente de moi même. Comme si j'étais aux abonnés absents. 

 

Jusqu'ici par exemple quand on me disait : "Tu es trop sensible", je disais : "Oui, oui", comme on s'approprie le jugement de l'autre, sans le ressentir soi même. Là, maintenant, je le vis de l'intérieur et cela change tout. Je SAIS enfin QUI je suis parce que je n'attends plus de l'autre qu'il me dise QUI JE SUIS mais parce que je le RESSENS.

 

Me voilà à présent habitée par une certitude intérieure. Il y a même des choses que je croyais dur comme fer comme faisant partie de mon identité, qui, en fait, ne l'étaient pas. 

 

Cette rencontre avec soi est un chemin de libération, de réconciliation avec soi et donc de cheminement vers plus de paix du coeur. Je me sens plus apaisée en quelque sorte. Mes questionnement identitaires ont pris fin. 

 

Les regrets, les pardons, les projets : 

 

Cette route vers soi comporte aussi des réactions bien légitimes : 

Et si je l'avais su plus tôt ? Je n'aurai pas fait les mêmes choix de vie, je me serai davantage protégée de telle situation ou de telle personnalité....

 

En même temps, ce n'est pas obligatoire. On peut aussi être dans le refus d'entendre, quand on n'est pas prêt à entendre. Ce mot "autisme" pour ma génération m'aurait paru complètement obsolète avant ma découverte des derniers critères diagnostics du TSA.

 

Il y avait écrit dans mon dossier médical pour percevoir l'AAH : "Troubles anxieux généralisés" et "traits autistiques"...Maintenant il y a écrit : "Autisme de niveau 1 avec troubles anxieux généralisés". Comme une inversion des mots, plus proche de la réalité vécue.

 

En résumé : 

 

Recevoir ce diagnostic n'est pas une étiquette, une propension à la victimisation. Il répond à un vrai besoin. Toutes les souffrances traversées expliquent très bien que cette démarche de reconnaissance soit nécessaire. Absolument. 

 

Je me suis enfin trouvée.

 

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